Roman

Chroniques de l’asphalte 2/5 – Samuel Benchetrit

Ce qu’il y a de chouette avec Samuel Benchetrit, c’est qu’il annonce immédiatement la couleur. Vive.

DRRRRIIINNG a fait le réveil.

BOUM mon poing contre le réveil.

SPLASH SPLASH les giclées d’eau balancées à la gueule.

Et GLOUP GLOUP le café égoutté. »

Voilà les premières lignes. Vous l’aurez compris, tout cela n’est pas très Gallimard. Le style est brut, et les petites histoires que Samuel Benchetrit conte à coup d’onomatopées, ne le sont pas moins. Fil conducteur de ce deuxième volet des « Chroniques de l’asphalte » : Bench, un jeune adulte, candide, espiègle et sans le sou, débarque à Paris. Et pas sur les sentiers battus, contrairement à ce que le titre du livre pourrait laisser accroire.

On rencontre des biscuits italiens qui parlent.

Vieni… Mangiami, mangiami… Hum… Buono… Sono la perfezione… Vieni… Prendimi in bocca….

– Qui me parle ?

– Noi.

– Qui Noi ? »

Il y aussi des moments de suspense. Comme la circoncision de Bench, à 18 ans, précédée d’une petite mise au point avec le rabbin.

– Pourquoi tu as peur comme ça, fit le rabbin.

– Ben c’est à cause de…

J’ai mimé un ciseau qui coupe.

– J’ai peur de déguster vous comprenez ?

– Oui, mais après tu seras un homme juif.

– J’ai peur de devenir une femme juive, monsieur le rabbin. »

Il est aussi question d’une blonde plantureuse qui s’appelle Jean-Marc, d’un pilier de bistrot qui mange des verres et des comptoirs et qui rêve de dévorer Nantes, d’un type qui corrige un troupeau de skins à lui tout seul et j’en passe.

Derrière les pompes à bières des bistrots qui ne ferment jamais, dans les voitures du RER, dans les petits appartes miteux juste sous les toits, Bench apprend la vie. J’ai aimé ce ton naïf, cette créativité, cette petite touche de sensibilité, et cette bouffée d’air frais dans une littérature très propre sur elle. Car il faut le savoir : ça vomit beaucoup, ça sodomise, c’est très Marcel et bite-couille-nichon, ça ne plaira pas à tout le monde. Vous l’aimerez si comme moi vous ne crachez pas sur le houblon, les bistrots et leur faune, les surprises de la ville, le désordre, quoi.

Mais qu’on se le dise : ce livre-là n’est pas très urbain…

Chroniques de l'asphalte 2/5

Chroniques de l’asphalte, Samuel Benchetrit, Julliard, 241 pages, 18 euros.

2 Commentaires sur “Chroniques de l’asphalte 2/5 – Samuel Benchetrit

  1. J ai longtemps attendue, ce deuxième tom, en me disant que son écrivant avait "laché l ‘affaire". en tout cas tres heureuse davoir lue cette suite. Le premier, me rappelant beaucoup mon enfance, raconter , malgrès l ambiguité que cela provoque avc le lieux, avc de la tendresse, de l émotion, et cette naiveté enfantine qui me plais chez lui (Samuel Benchétrit).
    Mais comme le dira la critique plus haut : faut aimer.
    Moi j adore! n’étant pas une fervante lectrice, ne trouvant pas "d écriture" me plaisant. Je suis heureuse que Samuel Benchétrit soit aussi un très bon écrivain, a mon gout.

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