Quittons la France, ses prix littéraires, ses polémiques, pour nous repaître d’un roman attachant.
Car il est des livres que vous n’avez pas envie de lâcher parce que vous vous attachez tellement aux personnages que vous voulez prolonger le temps passé avec eux. « Animaux fragiles » est de ceux-là.
Deux frères adolescents se font rouer de coups par la vie : leur mère suit un de ses amants en abandonnant les deux gaillards et leur père, elle embarque au passage leur petite sœur, qu’ils aiment profondément et quelques mois plus tard, leur père décède dans un accident de voiture.
Ils se retrouvent alors complètement paumés.
Mais refusent catégoriquement de retourner vivre chez celle qui les a lâchés sans le moindre état d’âme.
Le destin cependant les met en présence d’une vieille dame riche vivant pratiquement recluse dans un immense domaine, mais protégée par un majordome espagnol septuagénaire lui aussi. Elle vit avec le souvenir d’un seul et brûlant amour: celui qu’elle a éprouvé pour un mythique toréro, mort sous ses yeux dans une corrida.
Elle les recueille et commence alors pour ces personnages un lent et difficile apprivoisement, qui va aider la vieille dame à redonner un sens à sa vie, et va permettre aux deux garçons de se reconstruire.
Au début, elle est là simplement, distante et peu concernée et cela leur suffit mais en obligeant ces deux animaux fragiles à respecter certaines règles, elle balise leur existence de repères auxquels petit à petit ils vont s’accrocher pour enfin se sauver de la noyade.
Lorsque j’ai accueilli Kyle et Klint chez moi, j’étais convaincue d’effectuer une véritable mission de sauvetage. Pas une fois, je m’en rends compte maintenant, je n’ai pris le temps de considérer ces deux jeunes comme des être à part entière. J’ai eu tendance à ne voir en eux qu’une expérience à mener, ou deux blocs d’argile à modeler. Je ne pense pas leur être antipathique… mais je dois reconnaître que j’ai échoué à leur inspirer de l’affection.
La suite du roman démentira sa pessimiste impression mais la pudeur des sentiments est une caractéristique commune à tous les personnages.
Ce livre nous plonge dans une Amérique à la fois très proche de nous et tellement insolite : des réactions, des attitudes nous étonnent mais ces « bizarreries » d’Outre Atlantique contribuent à un certain dépaysement qui est un des attraits supplémentaire du livre.
Quelques réserves cependant concernant une fin très américaine, elle aussi, et une traduction (à moins que cela ne soit une écriture ?) parfois lourde et tarabiscotée.
Animaux fragiles, Tawni O’Dell, traduit de l’américain par Bernard Cohen, Belfond, 21.5 euros. Vous pouvez le commander sur Amazon.
Toute belle saga familiale, qui m’a aussi influencée en tant que mère. Un livre qui gagne à être connu.
Je le mets dans ma PAL… Je ne connaissais pas ce livre.