Il y a des auteurs qui parviennent à mettre en scène des gens comme nous, sans rien, absolument rien de plus. Pas de grand drame, pas de grand destin, pas de grandes qualités, ni de grands défauts. Et on peut vraiment faire un bon roman avec ça ? Oui. Anna Gavalda y parvient, et sur plus de 500 pages.
Elle nous conte simplement l’histoire de Camille, femme de ménage de son état, au caractère bien trempé, mais à la sensibilité au moins aussi forte. Elle n’est pas passée loin du point de non retour à la vie, la petite. Mais son chemin tortueux a croisé celui de Philibert. Qui n’a pas un Philibert dans ses connaissances ? Un type un peu vieille France, mal à l’aise à peu près partout, doté d’un humour qu’il manie malgré lui, d’une grande culture et d’une gentillesse abondamment prodiguée.
Il y a Frank, aussi, un mec, un vrai. Avec tout ce que cela comporte de machisme, de mauvaise foi, et de sensibilité savamment dissimulée. Il ne manque à ce tableau que Paulette, une personne âgée, légèrement manipulatrice, mais pas assez pour inspirer le rejet.
Cette fratrie nous amuse doucement au fil du récit d’Anna Gavalda. La prouesse, c’est qu’elle laisse vivre ses personnages. Pas d’intrigue hyper tendue pour vous conduire à la dernière page. Pas d’extraordinaire rebondissement pour relancer la machine. Non, rien que des vies. Ce qui, chez d’autres, aurait pu provoquer un profond ennui, donne chez Gavalda une impression de légèreté. On s’attache à ces personnages et on n’a plus envie de les quitter. On pardonne même à l’auteur quelques passages un peu nunuches, ou quelques répliques un peu fades ou attendues.
La langue aide aussi l’auteur a éviter l’ennui. Une langue vive, tintée de parisianismes, et une profusion de dialogues très crédibles.
Ce que j’aime aussi, c’est que c’est un roman complètement féminin. Tous les personnages, et surtout Frank, le vrai mec, sont décrit par une plume du sexe dit faible. Croyez-moi, beaucoup d’hommes adorent. J’en ai encore surpris un, la semaine dernière, à l’aéroport, avec un léger sourire attendri qui en disait long !
Allez, un extrait, pour achever la démonstration.
Le Pilon de la vie lui avait appris à se méfier des certitudes et des projets d’avenir, mais il y avait une chose dont Camille était sûre : un jour, dans très très longtemps, quand elle serait bien vieille, encore plus vieille que maintenant, avec des cheveux blancs, des milliers de rides et des taches brunes sur les mains, elle aurait sa maison à elle. Une vraie maison avec une cuisine en cuivre pour faire des confitures et des sablés dans une boîte en fer blanc cachée au fond du buffet. Une longue table de ferme, bien épaisse et des rideaux de cretonne. Elle souriait. Elle n’avait aucune idée de ce qu’était la cretonne, ni si cela lui plairait, mais elle aimait ces mots : rideaux de cretonne. »
Ensemble, c’est tout, Anna Gavalda, littérature française, J’ai lu, 573 pages, 8 euros. Notre note : 4/5. Vous pouvez le commander sur Amazon.
Du même auteur : La consolante
Voilà donc la fameuse première critique. 🙂
J’ai beaucoup aimé moi aussi ce roman. C’est une bulle de fraîcheur et d’humanité bienvenue ces temps ci.
As-tu lu les romans de Michel Quint? Eux aussi sont exemplaire à ce propos là.
Pour une première critique, elle est fort réussie. J’aime beaucoup. J’avais adoré ce roman, moi aussi.
Et Laurence t’a "vendu" Michel Quint ? Elle a raison. Une autre plume pleine d’humanité.
Vas-y, tu peux foncer sur cet auteur. Il y a aussi "Effroyables jardins" que j’ai trouvé superbe. Un chouilla déçue par son adaptation au ciné mais le livre est très beau.
Tu nous diras ?? 😉
j’ai dévoré ce roman.
La première lecture m’avait laissé une impression rose-bonbon(et non pas rose tout court,désolée bernard!). Mais la deuxième m’a convaincue!
Un peu de douceur dans ce monde de brute,selon l’expression consacrée…
Au vu des bandes annonces d’hier au cinéma,il semblerait qu’on nous prépare une version ciné d’ensemble c’est tout. Avec Audrey Tautou et Guillaume Canet(miam!).
C’est drôle en réfléchissant à ce qui me séduit dans "L’Elégance du Hérisson", j’ai trouvé des similitudes avec "Ensemble c’est tout", cet assemblage improbable de personnages tout-ordinaires, qui n’ont rien à faire ensemble dans un roman "normal". Une histoire ni d’amour ni vraiment d’amitié(s): d’autre chose entre les deux ou plutôt non:qui n’a rien à voir! enfin des vraies rencontres de vrais gens quoi 😉 !
J’ai lu ce livre, il y a déjà un bon moment, je l’ai adoré. Le genre de livre que tu fermes à regret, tu voudrais en avoir encore et encore. C’est d’ailleurs le livre que je recommande le plus souvent, un livre coup de coeur!
J’ai lu le livre et j’ai vraiment adoré, je l’ai dévoré en quelque jours. On est enchanté par l’histoire de ces personnages, et on est heureux pour eux, au fur et à mesure que le récit passe.
J’ai lu pour continuer mon voyage avec Anna Gavalda : Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, et j’espère pouvoir bientôt lire Je l’aimais !
Je me suis tout simplement régalé et j’ai bien bien ri à certains passages (qui a dit que je manquais d’humour!). Tout de même, je reste sous le charme du très décalé Philibert.
J’ai lu ce livre il y a 2 ans, et je ne pense pas que je me jetterai sur le prochain Gavalda. Le scénario est monté de telle sorte que la lecture se lit d’une traite, oui, le style est primesautier rafraichissant, les personnages sont attachants dans cet univers agréablement parisien, un livre-médicament pour les bobos de l’âme… une tranche de vie tendre pour ados ou adulescents, pour ceux qui aiment le sucré du bonbon praline.
J’avais pourtant été très agréablement convaincue par "Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part" et "je l’aimais". Mais enfin, c’est vrai, j’étais plus jeune à l’époque.
Très humain, extrêmement touchant.
Fabuleux, j’ai lu plusieurs ouvrages d’Anna Gavalda. Je les trouvent tous très agréables. Ensemble c’est tout, représente je pense une belle leçon de vie avec des personnages attachants.
Ce livre est vraiment un coup de cœur pour ma part, les personnages sont très attachants.
J’ai beaucoup aimé aussi l’adaptation cinématographique.