Mal ? Elles finissent, c’est tout. C’est la thèse du recueil de nouvelles de Brigitte Giraud, « L’amour est très surestimé ». Avec un réalisme qui confine à la cruauté, elle décrit, sans amour, des idylles qui expirent.
Elle dissèque l’avant.
C’est la fin de l’histoire et vous ne le savez pas. Il est là, debout devant la fenêtre, et vous lui en voulez de masquer la lumière. Ce n’est pas lui que vous voyez mais le jour qu’il empêche d’entrer. »
Elle déshabille le pendant.
Nous allons réunir les enfants ce soir. Nous allons leur apporter la preuve que l’amour n’est rien, rien de ce qu’on nous avait laissé croire. Nous allons apparaître sous un jour nouveau, minables et coupables, approximatifs. Nous allons encore dire « nous » pour la dernière fois, ensuite nous parlerons comme tous les parents séparés, nous dirons « ton père », nous dirons « ta mère » et surtout nous passerons à la première personne du singulier. »
Et, audacieuse, elle raconte l’après. L’après de Bertrand Cantat.
Personne ne parlait plus de Bertrand Cantat. Il commençait à purger sa véritable peine. Il devenait inconvenant de penser à lui comme à un homme en deuil. Et c’est ainsi que je pensais à lui, que j’y pense encore aujourd’hui. Tuer n’empêche pas d’être en deuil. »
C’est noir. C’est triste. Surtout quand c’est dit par un enfant.
Cela arrive le matin après le petit-déjeuner, après que mon père a lavé les bols et rangé le pain et le miel, après que j’ai essuyé la table. Ma mère nous quitte et part à pied. Elle prend une petite valise et mon frère par la main. »
C’est bien écrit. Mais c’est dans l’air du temps, désabusé et enclin à vous persuader de rejoindre les rangs des déçus. Ne la croyez pas : elle ment.
L'amour est très surestimé, Brigitte Giraud, Stock, 92 pages, 11 euros.
Critiques, avis et analyses
"ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson"... ;)
Brigitte Giraud écrit sûrement très bien mais le sujet, bien que féminissime d'inspiration, ne ..m'inspire pas terriblement!
A tout prendre et dans la même veine je préfère lire "L'amour, roman" ou relire "Ni toi, ni moi" de Camille Laurens dont la finesse d'écriture m'éblouit. Son "Grain des mots"(www.pol-editeur.fr/catalo... est d'ailleurs le livre qu'il me plaît le plus d' offrir.
Là, j'attends de me remettre de son "J'apprends" après, je me pencherai sur celui-là. Enfin, si je peux. Le programme de lecture devient chargé. Mais c'est génial !
C'est vers la fin de " Il n'y a pas d'amour heureux"d' Aragon. C'est très beau. Mis en musique par Brassens et chanté par lui avec sa voix voilée toute en retenue, ça confine au sublime... Bon je crois que je suis bonne pour l'intégrale moi aussi, depuis le temps que j'essaye de ne pas craquer rah c'est malin de m'avoir contaminée,-) !
*bon dimanche!*
Decevant... Le titre était sympathique, mais dès qu'on dépasse la couverture, tout devient très gris, très pessimiste, très défaitiste et plein de mauvais "-istes". Rien de très épatant dans ce recueil.
J'ai bien aimé les premières nouvelles, mais j'ai été déçu par les suivantes, un peu trop ressemblantes. Peut-être les nouvelles auraient-elles gagnées à être un peu plus longues ?
Quoiqu'il en soit, le thème est intéressant et inhabituel mais tellement réaliste !
Voici citation préférée du recueil : "Il avait eu un geste maladroit, avait heurté le rétroviseur avec son coude. Mais comme toujours au commencement d'une histoire, les maladresses sont des trésors."
En retard de quelques années sur l'actualité, je viens de sortir d'une médiathèque L'amour est très surestimé.
Pour le moment j'ai lu les 6 première nouvelless et je m'interromps pour vous dire que j'apprécie énormément leu finesse psychologique, leur ton juste,le rythme de l'écriture. D'après ce que je vois sur Google, vous faites désormais d'autres choses, mais moi je vais lire vos autres ouvrages car votre travail littéraire s'ancre dans l'air du temps en échappant à la futilité, en s'inscrivant au plus près de notre vécu. Merci de ce bonheur de lecture, et bravo.