Le roman raconte le crépuscule de la vie de Donald.
J’ai 45 ans et il me semble que je doive quitter cette terre de bonne heure, mais ce sont des choses qui arrivent. »
Donald est atteint de sclérose en plaques et communique par écrit avec Cynthia, son épouse. Il lui raconte la vie de ses ancêtres, débarqués de leur Finlande profonde pour trouver le bonheur autour des lacs du Michigan.
Avant de s’effacer, Donald s’offre une ballade dans les montagnes du Canada. Il y croise une ourse, et observe le rituel funèbre des corbeaux. Puis il demande à sa famille d’abréger ses souffrances sur le lieu de ce dernier voyage, au milieu de la nature.
Le cœur du roman, c’est la manière dont la famille de Donald va accepter la mort de cet homme central dans le clan. Tous vont poursuivre leur existence, parfois très simple, que Jim Harrison nous conte, bonhomme. Mais tous vont aussi entamer une profonde réflexion sur eux-mêmes, dont le lecteur, ce voyeur, va se régaler.
K. son neveu, s’interroge sur le sens de sa vie.
L’une des maladies les plus graves de notre culture, c’est que trop peu de gens ont accès à un travail plein de sens. »
David, le beau frère du défunt, retourne au Mexique, où il ravitaille les candidats à l’exil aux Etats-Unis.
J’ai pensé à l’étrange énergie jubilatoire des enfants mexicains qui jouent avec leurs jouets de pacotille, un enthousiasme que je remarque moins aux Etats-Unis chez nos enfants dont les jeux hautement organisés ont été conçus pour eux par des adultes assommés d’ennui. »
Et puis il y a Cynthia, qui, lentement, se donne le temps de réapprendre à vivre et à aimer.
La mort ne peut pas être si terrible puisque tous les êtres vivants passent par là. »
« Retour en terre » est un roman exigeant, à l’écriture neutre, aux personnages un peu trop nombreux mais dont la profondeur fait l’intérêt.
C’est aussi un merveilleux livre sur l’homme en tant qu’élément des grands espaces. Les montagnes, lacs, oiseaux et mammifères sont omniprésents, et l'homme est l'un d'entre eux, et non leur maître.
Et c’est un livre sur la mort, en tant que passage. Pour le défunt et pour ceux qui restent.
Retour en terre, de Jim Harrison, Christian Bourgeois, 324 pages, 23 euros.
Critiques, avis et analyses
Je ne vous lirai pas, na! Je crève d'envie de me jeter sur le dernier Harrison et je ne veux rien en savoir avant de l'ouvrir. Ah, la dure vie de l'éditeur qui passe son temps à lire des manuscrits pas toujours très bon et qui ne peut plus lire ses plus fidèles amis. Veinard!
Et si c'était plutôt la vie qui était un passage...
En lisant vos tout-derniers mots j'ai aussitôt pensé qu'alors ce n'était sûrement pas le livre qu'il me fallait lire here and now! En ce moment, c'est plutôt la série noire autour de moi (d'où l'explication de ma réaction assez disproportionnée à la lecture de votre note sur Giraudeau) mais finalement ma première réaction est mauvaise, peut-être que cette lecture me serait salutaire.
Oui je comprends ce que vous voulez dire mais se distraire n'est qu'illusoirement bénéfique je crois, à un moment il est bon de mettre des mots sur ses maux.(= penser ...panse ! )