J’ai toujours peur d’y voir l’avant-garde du jeunisme, armée de ses canons de la beauté, qui, jusqu’ici, ont relativement épargné le roman.
Aussi ai-je abordé « La physique des catastrophes » le poing gauche en avant, le droit en retrait, jambes légèrement fléchies, prêt à donner de l’uppercut.
La jeune et jolie auteure conte l’histoire de Bleue Van Meer, une adolescente de 16 ans, qui a perdu sa maman quand elle avait cinq ans. Son père, professeur d’université, la ballotte d’une petite ville américaine à l’autre, au gré des chaires qu’il décroche. Elle voue une admiration sans borne à cet homme indépendant, érudit, généreux, plein d’humour mais avec ce brin de cynisme nécessaire à la survie dans une société américaine aux valeurs si terrestres.
Bleue passe tout à son père, y compris ses relations éphémères avec ses nombreuses conquêtes, qu’elle nomme les « Sauterelles ».
Papa attirait les femmes comme certains pantalons en laine attrapent les peluches. Je leur avais donné un surnom : les Sauterelles (voir "Sauterelle commune", Insectes ordinaires, volume 24). Certaines, parmi les plus douces et les plus dociles, me faisaient de la peine, car papa avait beau ne jamais leur cacher qu’elles étaient aussi temporaires qu’un bout de scotch, la plupart étaient aveugles à son indifférence (voir "Basset", Dictionnaire des chiens, vol. 1). »
Le duo finit pas se poser quelque temps à Stockton, en Caroline du Nord, où Bleue parvient enfin à s’intégrer à l’école. Elle tombe en pamoison devant Hannah Schneider, professeur mystérieuse et charismatique, dont elle fait son idéal féminin (le masculin étant déjà pris par papa).
Petit à petit, Bleue et sa bande d’amis, qui gravitent autour d’Hannah, se piquent d’en savoir davantage sur leur mystérieuse mentor, jusqu’à ce que celle-ci soit retrouvée pendue dans un bois, lors d’une partie de camping avec ses élèves préférés. Bleue la perspicace découvrira-t-elle la vérité ?
Je dois être honnête : Marisha Pessl est jeune, jolie ET talentueuse. Mes gants de boxe ne m’ont servi à rien.
Ce roman est plein d’humour, comme quand Bleue jalouse ses copines.
Jade était la preuve sur pattes de cette réalité dérangeante : on pouvait vraiment avoir des cuisses comme ça et marcher. Et sa présence, on devait admettre ce que bien peu étaient prêts à reconnaître : il y en a qui gagnent vraiment au Trivial Pursuit, éditions des Dieux, on n’y peut rien, autant l’accepter tout de suite et se contenter de trois parts de camembert au Trivial Pursuit, éditions Quidam. »
Et l’auteur use avec joie de l’image.
Il prit tout son temps. Une dynastie Ming aurait eu le temps de s’élever et décliner entre la fin de sa dernière phrase et le début de la suivante. »
Ou de la métaphore.
Son haleine avait des relents de plate-forme pétrolière. »
Sa pensée est vaguement dans l’air du temps, nihiliste et résignée, mais les sentiments et l’humanité sont là, qui s’expriment à la perfection. L’intrigue paraît absente par moments, mais ressurgit avec splendeur au moment où on l’attend le moins.
Un sérieux reproche, quand même : ce roman recèle un brin d’immaturité, qui va en décourager plus d’un. On sent l’auteure grisée par la tribune qu’elle s’accorde. Du coup, le texte est truffé d’incises, de parenthèses, de doubles ou triples métaphores pour désigner la même réalité. Marisha Pessl a un côté pimbêche intarissable et péremptoire, mais si on se bouche les oreilles de temps en temps (en sautant les longueurs), on passe des heures très agréables.
Oui, parfois, le jeunisme a du bon.
La physique des catastrophes, Marisha Pessl, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Laetitia Devaux, Gallimard, 610 pages, 24,50 euros.
Critiques, avis et analyses
Me voilà bien embêtée. Je suis tentée par cette lecture mais le reproche que tu en fais est suffisamment notable pour freiner mon élan. Cornélien, le dilemne !! ;-)
A étudier un peu plus tard, quand ma PAL sera moins importante.
@+
La voilà donc :)
Du coup, elle m'intéresse ;)
Dans la série "jeunes ados surdouées", mais en nettement plus sombre, voir aussi "La fille sans
qualité" de Juli Zeh. Personnellement je préfère le personnage de "L'élégance du hérisson"; et puis, au moins, ce n'estpas un pavé.
Pour en revenir à la "physique"(j'aimerais bien si quelqu'un pouvait m'expliquer le titre;;;), je l'ai trouvé bien lassant et confus à la fin...
J'ai lu ce livre et il m'a laissée perplexe en effet par le nombre de parenthèses qui m'ennuyaient, j'ai fini pas sauter... mais j'ai bien aimé l'humour.
Je ne pense pas que ce livre restera dans ma mémoire comme L'Elégance du Hérisson ou la Petite fille de Monsieur Linh...
Quant au titre ??? je n'ai pas de réponse à cela, je me suis posé la même question.
Pas d'accord avec tout celà : c'est un livre très fabriqué, sans réelle émotion, un peu comme le roman de Suskind Le parfum. Le manièrisme à la Giraudonx, avec ses tonnes de références inventées ou piquées sur Intrenet, dont on trouve des traces déjà dans Balzac et dans Hugo, finit par fatiguer. De toute manière ce ne peut être le fond du roman qui en manque, justement, de fond. En plus, c'est très marqué roman de jeune fille.
j'ai terminé ce pavé hier soir...je fais le contrôle ce soir...
en tout cas, c'est sûr ce livre est particulier.Un mélange de genre : humour, policier, aventure...mais justement peut être un peu trop de mélange qui fait perdre un peu de consistance et nous fait frôler l'indigestion...C'est vrai que l'humour fait mouche mais qu'il ne laissera pas un souvenir impérissable...J'avoue avoir sauté quelques disgressions pour éviter de m'endormir...mais bon moi il ne me fait pas penser à l'élégance du hérisson...je l'ai toujours pas fini...
voilà...je ne sais pas encore ce que je vais lire demain, j'hésite...j'ai envie d'un très bon thriller...pour changer de tout ce que j'ai lu dernièrement
à bientôt tout le monde et surtout plein de bons livres pour 2008...
J'achève ... et si les citations et références ont pu m'agacer au tout début, je les aies prises pour ce qu'elles sont très rapiment c,à dire...des blaques.
Ce livre est aussi nord américain que L'élégance du hérisson était français. Je suis une francophone d'Amérique et ces références m'étaient faciles. Il était aussi évident pour la lectrice que je suis que de ne pas avoir lu ou vu l'un d'elles (du moins pour les réelles) ne m'empêchait pas de goûter le roman.
Quand j'ai lu L'élégance du hérisson, j'ai du garder plusieurs livres de référence et internet à portée de la main, sinon j'avais l'impression de ne pas saisir le propos de l'auteur. Francophone noyés dans un mer anglo, les québecois qui lisent (peu nombreux tout de même) sont habitués dès leur jeune âge à la littérature française. Pourtant... tout au long de la lecture de L'élégance du hérisson, je me suis sentie inculte. Trop c'était trop...
Dès les premières pages, La physique des catastrophes nous rapelle le hérisson mais à la manière de l'humour de cet auteur, les aiguilles étaient bien innofensives...
Il doit exister quelque part un lien de la physique des catastrophes avec la théorie mathématique de la conscience humaine ?
Voir mon Blog (fermaon.over-blog.com)
Cordialement
Clovis Simard