Vous en connaissez sûrement. Des gens prétentieux que vous ne parvenez pas à détester. Connaissez-vous Alexandre Jardin ?
Dans son dernier roman, à l’intitulé alléchant, il entreprend de nous dire son amour de ces dames.
Le roman égrène quelques petites histoires amusantes des femmes de la vie de l’auteur. Amoureuses, amies, maîtresses et, bien sûr, maman, toutes lui ont permis de grandir.
Ce sont les femmes, en effet, qui m’ont appris à penser autrement, loin des glissières de sécurité. Les hommes, en revanche, ne sont pas mon genre. »
Au fil de ces très courtes histoires, on croise ces phénomènes au féminin. Anne-Sophie-de-la-banque, par exemple, la guichetière qui épie l’auteur et sa famille depuis 1977, grâce à ses relevés de carte bancaire. Denise, aussi, qui envoie des bouquets anonymes aux dames de son quartier que Cupidon s’obstine à bouder. Hatsuyo, qui éconduit Alexandre Jardin sous la couette lorsqu’elle découvre qu’il n’est pas Daniel Pennac. L’auteur croise aussi Lola, qui lui laisse son portable…
Et là, stupeur : cette Lola au physique tombé du ciel me laisse effectivement son téléphone portable hors de prix; au lieu de sa carte de visite. Mais à peine ai-je saisi sa manoeuvre qu’elle s’éclipse du café. Lola a disparu avec ses seins impossibles et j’ai toujours son téléphone à la main. »
Puis il y a Heidi, la petite suissesse, dont le passe-temps consiste à occire des animaux à la carabine à silencieux, ou Leïla, qui s’invente des péchés innommables qu’elle confesse avec gourmandise dans les églises.
« Chaque femme est un roman » n’est pas… un roman. C’est une suite de petites histoires officiellement vécues, mais dont les personnages sont si trempés, les destins si épiques, qu’on peine à croire que la plume de l’auteur ne les a pas quelque peu fardées.
A la lecture, ce roman agace, car si l’objet est une ode à la femme, entre les lignes, l’auteur dit surtout son amour à Alexandre Jardin et ne se prive pas, du reste, de flatter la lectrice sans la discrétion qui sied à l’exercice. En refermant l’ouvrage, une impression de vacuité s’ajoute à ce désagrément. Puis bizarrement, quelques jours plus tard, ce recueil reste à l’esprit, avec ses gags, ses destins légers et fantaisistes et ses petites et grandes vérités, si bien dites. Comme celle-ci.
Si les femmes aspirent volontiers à être aimées comme dans les livres, elles ne veulent en aucun cas que les sentiments soient du roman. »
Ou encore cette sentence, que je vous livre pour terminer, une phrase si sage alors qu’elle enseigne tout le contraire.
Au fond, la satiété tue ce qu’il y a de jeunesse en nous. Et si le bonheur aigu c’était ça ? Ne plus jamais dire non à sa curiosité aux aguets. Faire la guerre aux négations du siècle et sonner la charge contre les désagréments du réalisme. »
Un bon divertissement, avec un (tout petit) zeste de profondeur.
Chaque femme est un roman, Alexandre Jardin, Grasset, 294 pages, 19,80 euros.
Ahhhh, te voilà revenu !!! Génial !! Extra !!
Vraiment contente de te lire à nouveau. 🙂
Dans les parages ??? Tu rigoles !!! J’ai fait un sitting non-stop. Et Pomme avec moi d’ailleurs :-)))
Pour revenir à A. Jardin… j’ai dû lire un truc de lui y a une éternité. Je sais que c’est pas un auteur pour moi. Bof 🙁 C’est comme ça. Mais aujourd’hui, je le remercie…. car tu es revenu 😉 Et ça c’est cool 🙂
Ravi de ton retour… même si c’est avec ce livre 😉
Depuis le temps que je passe… Et là, soudain, il y a de la lumière. Alors je suis monté et à ma grande surprise j’ai vu plein de jolies dames et ce coquin d’Alexandre Jardin.
En vacances, Bernard?
Eh bien voilà ! Le zoizeau est reparti !!!
Dans ce cas, continue. Cela nous donnera l’occasion de papoter encore 🙂
Je ne lirai sans doute pas ce livre ( il y en a tellement d’autres qui m’attirent en ce moment), mais quel bonheur de voir notre fidélité ( insistante!) récompensée….Même si ce n’est qu’un passage éclair, c’est chouette de voir que tu ne nous oublies pas!
Ah j’avais presque oublié le chemin de ce blog, c’était trop triste d’y passer en trouvant porte close et toiles d’araignées. Merci pour cette note, elle m’a intéressée et amusée même si je pense que ce roman me tomberait vite des mains, plus par agacement que par ennui. Alexandre Jardin est certainement un véritable écrivain pour la première partie de son oeuvre tt au moins mais depuis dix ans sa production est de moins en moins littéraire, tout ce fatras sur l’amour, les femmes, le mariage me fait penser aux pâmoisons d’Arielle Dombasle sur le même sujet…du falbala blabla ;-)!
J’ai peut-être tort, mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’Alexandre Jardin est un mytho… Au moins il est toujours drôle, c’est déjà ça de gagné!
Je sais, mon commentaire n’est pas adapté, car je n’ai pas lu cet Alexandre Jardin là. J’en ai lu d’autres et j’avoue ne jamais avoir tellement apprécié.
Mais je voulais parler d’autre chose et … je ne savais pas où l’écrire ! J’ai découvert, par hasard, cet été, un premier roman nommé “Petites musiques de vies” dont la tendresse, l’écriture simple et poétique m’ont émue. L’auteur, Eric Fontanarava, illustre inconnu, jongle délicatement avec les mots et pourtant, à part quelques blogs de lecture, personne n’en parle.
Ce roman, mais il y en a beaucoup d’autres, fera-t-il partie des oubliés, des morts-nés de la rentrée littéraire ? Je suis un peu stupéfaite (mais je le suis chaque année !) du peu de place fait partout aux nouveaux auteurs de petites maisons d’édition.
Faut-il nécessairement porter la griffe d’un éditeur célèbre pour avoir du talent ?
Je suis sure qu’il y a là un intense vivier de qualité et, très franchement, je préfère aller à la pêche aux merveilles, aux petites perles oubliées de tous que de me jeter sur les mastodontes dont on nous inonde qui font, sans même avoir le temps de prendre le recul de l’analyse, des tirages exceptionnels.
Voilà, c’était une petite réflexion que je jugeais nécessaire, un petit coup de gueule, car j’ai ce léger sentiment de malaise de passer, par la force des choses, à côté de quelque chose d’important.
Monique
Je n’ai jamais lu ce livre , mais je peux vous dire qu’un jour je le lirais, j’ai rencontrer ma femme grâce a lui . Merci !