Dans « Le Montespan », Jean Teulé raconte le combat de Louis-Henry de Pardaillan, marquis de Montespan, pour récupérer sa belle.
Le et la Montespan avaient pourtant tout pour être heureux. Juste après leur mariage, ils vivaient d'humour et d'eau fraîche. Il faut dire que le Montespan avait les mots pour le dire.
Je sens bien que je t'aime plus que tout le monde n'a coutume d'aimer, mais je ne saurais te le dire comme tout le monde le dirait. Je suis au désespoir que toutes les déclarations d'amour se ressemblent. »
La belle Françoise lui donne deux enfants. Le rêve. Sauf que le marquis se trouve un défaut : les deniers lui manquent un peu, qui lui permettraient d'assurer le bonheur matériel de la belle. Aussi s'endette-t-il pour lever des armées et les emmener guerroyer aux quatre coins du royaume, espérant une reconnaissance sonnante et trébuchante de sa majesté Louis XIV. Sans succès.
Ses déconvenues, ses absences et l'indigence commencent à lasser sa dulcinée, qui fréquente la cour, et porte des tenues de plus en plus légères, ce qui n'échappe pas à la domestique familiale...
Faire montre de son sein publie que la bête est à louer. »
La Montespan tombe enceinte, mais cette fois, les dates la trahissent. Elle avoue son aventure avec... Louis XIV.
Louis-Henry, je t'avais dit de ne pas me laisser près du roi. On ne peut rien refuser à sa majesté. »
Le marquis multiplie alors les initiatives pour nuire au monarque : il claironne sa déconvenue au point de faire placer des cornes au sommet de son carrosse, alerte le clergé, refuse avec arrogance les dédommagement financiers du roi, pénètre à deux reprises au château, dont une fois pour violer la reine en personne, avant de renoncer devant l'ampleur de la tâche...
Vous êtes courte sur pattes, regrette le marquis. Il n'aime pas cette peau qu'il trouve... bête. Françoise, elle, oui, sa peau est spirituelle et son cul a de l'esprit, tandis que celui de Marie-Thérèse, quelle désolation ! - Dans les bordels derrière la place de Grève vous ne feriez pas une pistole. »
Le marquis parviendra-t-il à reconquérir Françoise ? Je vous laisse le soin de le découvrir, mais sachez que ses motivations sont limpides, comme en témoigne cette conversation avec sa cuisinière.
- Mais alors, cela ne finira jamais. Pour ce que cela vous aura rapporté. Rien ! Rien ! Rien ! Quels bénéfices ?!
- Je ne réclame que la gloire de l'avoir aimée.
« Le Montespan » est un roman drôle et sympathique. A l 'instar du marquis éconduit, il est plein de souffle, d'enthousiasme, de foi, d'humour, d'insolence, aussi. C'est un roman grivois, qui flirte avec la vulgarité en prenant bien soin de n'y jamais sombrer. Jean Teulé n'a d'autre but que de divertir en s'amusant. Je n'ai qu'un conseil à vous donner : vivez une aventure avec ce roman !
Le Montespan, Jean Teulé, Julliard, 333 pages, 20 euros. Vous pouvez le commander sur Amazon.
Critiques, avis et analyses
J'ai trouvé ce cocu-là magnifique, et plein de superbe dans sa déconvenue !
L’idée du roman « le Montespan est excellente » et ce marquis cocu et amoureux est plutôt sympathique.
Pourtant il y a quelques pages assez grossières qui auraient pu être enlevées ou présentées différemment ce qui n’aurait rien retirer à l’intérêt du roman.
Ces passages sont les turpitudes de Louis XIV avec la marquise pages 253-257.
L’aventure supposée du marquis avec la reine Marie Thérèse page 278-279.
Le délire sur les boyaux de la marquise page 332.
Même si ce roman est une fable. La mémoire de ces personnages historiques aurait pu être mieux respectée comme je pense on doit le faire de tout homme d’ailleurs.
De Jean Teulé, à découvrir aussi ses biographies de poètes, dont le tres réussi "moi, françois villon"...et la petite comédie noire "le magasin des suicides", plein d'espoir !
bonnes lectures !!
J ai trouvé les scènes "grossières" particulièrement réussies, pour ma part ! Je trouve intéressant de démystifier l'époque, et après tout la violence de ces descriptions fait parfaitement écho à la violence des sentiments du marquis.
En tous cas ce cocu est avant tout un bel esprit libre, qui ne fait pas de compromis.
Un excellent roman !
J'ai trouvé ce livre attachant et drôle. Pour ce qui est de la grossièreté, je crois plutôt que c'est l'époque qui était gaillarde et je trouve ça plaisant. Gaillardise n'est pas pornographie.
Je crois que la grossièreté est inversement proportionnelle au talent. Et du talent, Jean teulé en a à revendre ! j'ai adoré ce livre jubilatoire, pour toutes les raisons qui ont été précédemment évoquées et parce que jean Teulé est loin du politiquement correct un peu trop répandu à notre époque à mon goût.
Bonsoir,
je suis tout à fait d'accord avec rjorez, mais pour ma part, les pages que j'ai trouvées les plus grossières sont celles consacrées à la description des bâtards. Je me demande où Jean Teulé a trouvé mentionné l'inceste entre Louis XIV et sa fille, Mlle de Blois (?).
Ah Le Montespan... D'abord sceptique face à cette histoire dont m'avait parlé une amie, je me suis finalement laissée tenter et ai eu l'heureuse surprise qu'on me l'offre.
J'ai beaucoup ri en lisant ce roman, tout en étant triste pour ce peuvre marquis et la déchéance dans laquelle il finit par tomber: c'est drôle, mais je n'ai pu perdre de vue qu'avant tout, c'était un véritable drame pour lui... Ne connaissant pas cette histoire et la découvrant par le livre, j'ai été surprise par la fin, bien que comprenant ses raisons.
Les scènes "obscènes" ne m'ont pas gênées, au contraire: ces gens n'étaient pas des saints et il est inutile de le prétendre, donc autant le montrer clairement. Par contre, comme lectiole, j'ai trouvé les pages consacrées aux batards vraiment grossières: était-ce vraiment nécessaire?
Au delà de l'histoire et du personnage que j'ai vraiment appréciés, c'est le langage que j'ai adoré.
En général, je n'aime qu'une écriture trop marquée au niveau du style parasite ma lecture. Mais ici, c'est ce qui, à mon goût, fait la force et la joie de ce livre.